A lire : Les artistes et le textile

Une vue d'ensemble de la place du textile dans les arts plastiques contemporains à travers le monde, écrite par Anne-Marie Minella et Jean-Yves Bosseur, aux Presses du Réel.

Depuis le début du XXIe siècle, les artistes qui travaillent fil et tissus ont su s'affirmer dans le monde de l'art contemporain. L'ouvrage évoque nombre d'artistes qui se sont emparés de ce medium depuis la fin du XIXe siècle de manière innovante et singulière et dresse le portrait de créateurs qui l'ont choisi pour accompagner leur démarche politique, économique, sociale ou écologique. Il montre que l'art textile reste subversif : il efface la frontière entre beaux-arts, arts appliqués et design, entre tradition et modernité. Il met en valeur les identités et les cultures « périphériques ». En questionnant les catégories du « féminin » et du « masculin », il brouille les genres et met à mal les conventions.

https://www.lespressesdureel.com/ouvrage.php?id=11095&menu=0

A lire : Tricoteuses et dentellières

De Catherine Voyer-Leger et Orane Thibaud, aux Éditions Marchand de feuilles, Montréal, 2024, 256 pages .

Recueil collectif, où l'on apprend que le tricot n’est pas qu'un passe-temps de grand-mère.
Si, pendant la Révolution française, des femmes enragées assistaient aux exécutions tricot à la main, les tricoteuses ont aussi été des espionnes, des militantes, des créatrices. Pendant la Seconde Guerre mondiale, tricoteuses assises dans des gares récoltaient des informations stratégiques ou encore encodaient des messages secrets dans des foulards et des bas. Aujourd’hui encore, plusieurs tricoteuses et dentellières assimilent leur pratique à un autre processus créatif comme l’écriture ou bien utilisent le tricot comme outil militant.

https://www.ledevoir.com/lire/808632/tricoteuses-dentellieres-tricoteuses-badass-aventurieres

A lire : « Stelios dans le treillis du métavers », de Christine Browaeys

Ceux pour qui le textile est une entrée dans la sensibilité du monde seront intéressés par ce livre qui nous aide à le voir comme une « matière à penser ». Ils ne seront pas surpris de lire que le tissu évoque le relationnel et qu'il est au plus proche de nos sensibilités. La réflexion de l'auteure file la métaphore textile avec la symbolique du tissage en réseaux et rappelle que « le tissage du symbolique, c'est à dire de l'imaginaire et du réel, dans la structuration de l'être humain permet son inscription dans le lien social avec ses contemporains(p. 67)». l'auteure nous aide à comprendre que l'on ne peut se passer des images évoquant le textile pour expliquer notre relation au monde, jusque dans celui des métavers, car « la matérialité est indispensable à la symbolisation de l'imaginaire pour qu'elle accède au statut de réalité perceptible (p.57) ». Et elle nous propose une autre image, celle du treillis, pour affronter l'ère du numérique qui a fait entrer notre connaissance « dans un processus de complexification et d'entrelacement, générant une sorte de réticulation de la mémoire (p.71) ». Dans nos univers virtuels l'image de la toile et du textile ne suffit plus pour aborder les nouvelles réalités auxquelles nous devons faire face, c'est pourquoi Christine Browaeys propose d'abandonner l'image du tissage, trop restreinte et contraignante, pour adopter « la métaphore du treillis qui ouvre à de nouveaux possibles (p.70)».
Le livre ne nous conduit pas de façon linéaire, mais cherche à guider notre réflexion en nous aidant par de nombreuses images littéraires et philosophiques. Il nous dit d'être confiants dans la plasticité de l'imaginaire humain pour trouver des modèles d'appréhension, « de nouveaux ancrages symboliques pour construire un monde signifiant » (p.107, afin de mettre en rapport les réalités de nature différente (matérielle et virtuelle)qui construisent aujourd'hui notre environnement.

 

Ingénieure texturgiste et sociologue, l'auteure a créé le bureau de consulting T3Nel en 2009, après avoir été directeur des systèmes d’information dans plusieurs grands établissements, et experte au Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche. En 2014, elle publie l’ouvrage « Les enjeux des nouveaux matériaux textiles »1 et elle devient experte pour la Commission Européenne.

A voir : Bonne étoffe

Nouvelle présentation des collections du Musée du textile de Saint-Gall en Suisse.

Une Bonne étoffe – qu’est-ce que c’est ? Comment le textile a-t-il changé par le passé, quelle forme aura-t-il dans le futur ? Le Musée du textile de Saint-Gall aborde ces questions, et bien d’autres encore, dans le cadre de l’exposition permanente du même nom.

https://www.textilmuseum.ch/fr/bonne-tissu-collection-du-musee-du-textile/

 

A écouter : Sheila Hicks : "L'art textile va gagner"

Entretien sur France Culture le 4 avril 2024.

Elle est une figure incontournable de l’art textile, une pionnière venue du Nebraska qui nous met au défi de ne pas toucher ses tissages qui habitent les plus grands musées. Alors qu’elle expose en ce moment à Art Paris, la fileuse octogénaire retrace son parcours le temps d’un entretien cousu main.

Sheila Hicks n’a cessé depuis la fin des années 1950 de sculpter la couleur et de peindre en trois dimensions. Le fil, qu’il soit en laine, coton, nylon ou autre matière, est chez elle une ligne projetée dans l’espace, avec laquelle elle écrit un nouveau langage, à la croisée des médiums traditionnels dont elle détricote les structures rigides.

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/affaires-culturelles/sheila-hicks-est-l-invitee-d-affaires-culturelles-6536318