A découvrir : 3 lauréates des Grands Prix de la Création de la Ville de Paris 2023

Juliette Berthonneau, talent émergent dans la catégorie design.
Après être passée par la Sorbonne où elle suit des cours d'histoire de l'art puis par les Beaux-Arts de Lyon, Juliette part vivre six mois au Pays Bas où elle fait de l'impression textile 2D et crée des motifs géométriques. C'est là qu'elle entend parler de la Swedish School of Textiles, où elle développe son idée de tissage en 3D. Sa collection de fin d'étude, est une réflexion sur un tissage en couches, souple et autoportant, isolant, qui peut être sculpté mais reprend sa forme grâce à des propriétés amortissantes. « Les applications sont multiples et la possibilité de customiser les couleurs et de jouer avec les échelles ajoute une dimension esthétique », précise Juliette. Le confinement imposé six mois après sa sortie de l'école freine ses projets. Collaboration avec une autre designer, création d'un kit pédagogique, travail avec un artisan plisseur, lui permettent cependant de s'accrocher ! Rien n'est perdu : ses prototypes n'auront pas été fabriqués en vain. En décembre 2022, elle intègre l'incubateur des Ateliers de Paris. Visites d'entreprises, rencontres avec des architectes, recherche de fonds pour avoir accès à des outils industriels, envie de participer à la redynamisation du secteur textile local en associant tradition et innovation... les choses bougent et vont être boostées par ce nouveau Prix.

Solenne Jolivet, talent émergent dans la catégorie métiers d'art. 
À 11 ans, elle débute la broderie. Elle ne s'arrêtera jamais. Sa passion est telle qu'elle fait, à 12 ans, un stage chez le brodeur breton Pascal Jaouen. « Je me suis retrouvée avec des dames retraitées mais cela a confirmé mon souhait de me dédier à ce métier. » Son Bac STI arts appliqués en poche, elle intègre en 2008 l'Ecole Duperré pour suivre un diplôme métiers d'art textiles option broderie. Puis, elle veut développer son univers. Elle prépare alors un diplôme supérieur d'arts appliqués et intègre l'IFM en management. En 2016, elle intègre Hermès, pour développer des tissus, et... elle s'y ennuie. La matière lui manque. Elle met donc au point sa proposition artisanale. « Dès le départ j'ai voulu m'affranchir des traditions. Je me suis accordée le temps de l'expérimentation afin de trouver mon identité et une singularité. J'utilise ainsi le fil comme un pigment. J'ai créé ce que j'appelle la technique des atolls, des fils enroulés qui créent des nuances. Cela me permet de concevoir différents éléments qui vont entrer dans la réalisation de grandes pièces. Je travaille ainsi dans un esprit d'artisan pour des architectes d'intérieur mais j'ai aussi des propositions plus personnelles et artistiques. » Installée depuis 2018, dans son propre atelier, elle prend encore le temps de la recherche. Lauréate en 2021 de la Fondation Banque Populaire, « un coup d'accélérateur », elle planche actuellement sur de la marqueterie de fils afin de s'inscrire dans des démarches hybrides lui permettant de développer des collaborations avec d'autres artisans d'art.

Morgane Baroghel-Crucq, grand prix dans la catégorie métiers d'art. 
« Je suis liée à la matière, raconte Morgane. Les femmes de ma famille pratiquaient ce que l'on appelait les ouvrages de dames. Ma grand-mère chez qui, petite, je passais mes vacances, tricotait, cousait... Je l'ai toujours vue comme une magicienne. Et j'ai eu la chance qu'elle et ma mère me transmettent ces techniques. » C'est donc naturellement que Morgane passe un bac option arts appliqués. Elle s'engage ensuite dans une prépa à l'ENS Cachan avec une spécialité en design puis intègre l'ENSCI-Les Ateliers, se consacrant au design textile. « C'est là que j'ai découvert le tissage. J'y ai aussi fait de la gravure, ce qui m'a permis d'approcher une certaine forme de finesse. Et, c'est lors de mon projet de diplôme en 2009 que j'ai commencé à installer un style. Je m'inspire des paysages, ou plutôt du processus créatif des paysages qui sont sculptés par le vent, l'eau... Il y a une interdépendance des éléments exactement comme dans le tissage. » Cette passionnée qui explique combien son activité est hypnotique et lui apporte un formidable bien être, s'offre son propre métier à tisser dès la fin de ses études. Elle débute alors une carrière de free-lance tout en créant ses collections textiles. Son parcours est alors jalonné de rencontres et de succès comme le Prix de la Jeune Création Métiers d'Art en 2015, l'obtention de la bourse de la Fondation Banque Populaire, une exposition sur le salon Révélations... Jusqu'à ce Grand Prix qui va de pair avec une fin d'année bien remplie avec des expositions à Aix dont une en solo et à Paris.

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