Novembre 2019 : Un art d’avenir…

Pour cet éditorial, plutôt que de faire des remarques sur l’actualité, il nous a semblé plus juste de vous donner à voir que les idées que nous défendons se développent dans des espaces où on ne les aurait peut-être pas attendues. C’est ainsi que nous nous contenterons de mettre en relation quatre événements artistiques qui montrent l’intérêt que le textile a pour les organisateurs de manifestations artistiques importantes. Quel besoin y aurait-il à faire un commentaire ? Nous pouvons juste dire que nous espérons cet intérêt durable et sincère.

  • De toutes façons… Design graphique Du 17 octobre 2019 au 22 mars 2020 au Centre National du Graphisme de Chaumont 52000
    Commissariat et scénographie : GGSV (Gaëlle GABILLET et Stéphane VILLARD) Structure Bâtons (Lucile BATAILLE et Sébastien BINIEK)

« Avec plus de 40 artistes internationaux la grande exposition d’automne du Signe explore les liens féconds que tisse le design graphique avec la création textile contemporaine. Par sa plasticité, le tissu permet des interactions avec son environnement. Porté, flottant, en volume ou en deux dimensions, les créateurs jouent avec ses qualités. Les graphistes se saisissent avec plaisir de ce support pour imaginer des drapeaux, des vêtements détournés ou encore des parures trompe-l’œil. La première partie de l’exposition immerge le visiteur dans une succession de cinq « period rooms » fantasmagoriques, constituées chacune d’une dizaine d’œuvres mises en scène. Ces objets textiles interrogent les notions d’usage, de représentation, de texture et de motif partagées par le design graphique et textile. Les histoires que cette réunion d’œuvres hétéroclites permet d’imaginer sont accompagnées d’un texte de l’écrivaine Laure Limongi. En réponse à ces atmosphères visuelles, la seconde partie de l’exposition, révèle les méthodes communes du graphisme et du design textile, en mettant en lumière une nouvelle génération de graphistes. »

  • Frieze London La foire internationale d’art contemporain de Londres se tient tous les ans en octobre. , qui a comporté cette année une section spéciale « Woven ».

Dans Artdaily du 5 octobre 2019, nous avons pu en apprendre plus. Ainsi, Cosmin Costinas le conservateur de Woven, a déclaré : « L’idée de départ était de réagir à la situation actuelle au Royaume-Uni et à la manière dont elle est intimement liée à son héritage colonial ».
« L’utilisation des textiles est au cœur de l’histoire de l’art ici et dans le monde entier, mais elle a été marginalisée, car elle était associée aux femmes et à des pratiques ayant leurs racines en dehors de l’Occident », a-t-il ajouté.
Ann Coxon, conservatrice à la Tate Modern a déclaré: « Pendant de nombreuses années, les musées d’art, les foires, les biennales, etc., ont été remplis de films et d’objectifs médias. Pourtant, il y a maintenant un regain d’intérêt pour les médias textiles ». « Il se peut que l’intérêt pour l’artisanat ait pris forme à une époque de turbulences politiques mondiales, lorsque les gens voulaient revenir à des modes de vie plus simples, au mépris de l’établissement ou du progrès technologique.»

Coxon, qui prépare l’exposition de l’artiste textile Magdalena Abakanowicz au musée l’année prochaine, a aussi déclaré que si le tissage jouissait d’un moment de mode dans le monde de l’art, les définitions de ce qui constituait « Beaux-arts » étaient encore trop étroites. « Les artistes eux-mêmes ne ressentent plus le besoin de se mettre dans l’un ou l’autre camp. » Maintenant, ils « se sentent libres, enfin, d’utiliser n’importe quel support qui leur semble approprié », a-t-elle ajouté.

  • “Taking a Thread for a Walk” Du 21 octobre 2019 au printemps 2020, commissaire Juliet Kinchin, et Andrew Gardner. , au MoMA

Comme toutes les expositions d’ouverture du nouveau MoMA,  l’exposition s’appuie presque entièrement sur les fonds du musée qui sont riches, entre autres, d’une tapisserie copte du 9 ème siècle, donnée par Lillie Bliss, collectionneuse et une des trois membres fondateurs du MoMA.

L’exposition tire son titre d’une célèbre phrase de Paul Klee, artiste et instructeur du Bauhaus, qui conseillait, que pour apprendre les rudiments du dessin il fallait le faire en « prenant une ligne pour une promenade ». Au Bauhaus, cette leçon s’étend aux cours de design où Anni Albers traduit l’esprit réformateur de la nouvelle académie au design textile.  Anni Albers écrivait en 1965, « Tout comme il est possible de passer de n’importe quel endroit à un autre, il est également possible, à partir d’un domaine défini et spécialisé, d’arriver à une réalisation de relations toujours plus étendues… se référant à l’événement d’un fil ».

Ici donc le fil est un fil conducteur des anciennes traditions textiles, aux innovations du design du début du 20 ème siècle, ainsi que des matériaux industriels et des méthodes de productions. « Mettant en vedette des combinaisons aventureuses de fibres naturelles et synthétiques et des pièces dynamiques spatialement qui marquent l’émergence d’une approche plus sculpturale de l’art textile à partir des années 1960, ce spectacle met en évidence l’expressivité fluide du médium. »

  • Art Up 2020 : « Au fil de l’art » La Foire européenne d’art contemporain de Lille, du 5 au 8 mars 2020.

Pour cette 13e édition, Art Up! mettra en avant l’art textile à travers la thématique « Au fil de l’art, comment l’art textile autrefois associé à la tapisserie est-il aujourd’hui devenu un art d’avenir ? »

L’intention est ainsi dite : « A l’heure où les nouvelles technologies côtoient les techniques ancestrale, alors que les matériaux nouveaux et traditionnels cohabitent, l’art textile vit lui aussi une époque d’hybridation.
Tisser, tresser, tordre, piquer, couper, froncer, coller, entrelacer, croiser… de nombreux artistes contemporains se sont emparés des savoir faire traditionnels pour assembler leurs réflexions et raccommoder le monde.
Ainsi le textile se fait tour à tour réflexion abstraite ou art féministe, il joue avec la 3D et part à la conquête de l’espace, il représente le corps et symbolise le temps.
Découvrez comment le fil et l’aiguille ont envahi les ateliers du 21 siècle. »