Sam Gilliam

 

Sam Gilliam: Artists are supposed to change, 2018 (13'28")

ENTRETIEN et CONFÉRENCE

Courtoisie Louisiana Channel, Louisiana Museum of Modern Art. Courtesy Louisiana Channel, Louisiana Museum of Modern Art.
 

Cet entretien marque l’évolution qui a amené Sam Gilliam vers la peinture ainsi que ses nombreuses influences dans les arts plastiques. Cet artiste de la scène de Washington D.C. est notamment reconnu dans les années 1970 pour ses formes géométriques coupées et composées sur des toiles épaisses dans lesquelles il expérimente la couleur et l’improvisation fort de ses inspirations de musique jazz. Ces passages de motifs irréguliers rappellent sans aucun doute les « crazy quilts » (ou « matelassages fous »), technique textile qui organise des formes et des surfaces très diverses au sein d’un même ouvrage. Il devient alors un peintre innovateur dans le champ plastique de la couleur se rapprochant notamment de la Color Field Painting en 1962. Mais il est surtout reconnu pour ses tableaux drapés (série « Drapes ») suspendus aux murs et aux plafonds à la fin des années 1960, début des années 1970, qui font de lui l’un·e des premier·ère·s peintres à utiliser la toile sans support vers 1965. Ces agencements plastiques donnent ainsi une dimension spatiale à ses peintures, proches de sculptures immersives. Unique à chaque espace, la toile ne peut être drapée deux fois de la même façon ce qui permet de souligner la relation entre l’oeuvre et son environnement. Seahorses de 1975 représente la plus grande et l’une des dernières de cette série, exposée à l’extérieur du musée Philadelphia Museum of Art. Sam Gilliam a ensuite poussé cette méthode plus loin en pliant et en drapant la toile avant qu’elle ne sèche créant des effets inhabituels de « tie and dye » (série « Slides ») comme dans son œuvre Light Fan en 1966. L’exposition au Kunstmuseum de Bâle nommée Music of Color, aborde également la dimension politique et historique de son travail. Même s’il est rare que l’artiste s’exprime personnellement sur ces sujets, les séries Martin Luther King et Jail Jungle font écho aux mouvements des droits civiques de 1968. Avec son oeuvre intitulée Composed (formely) Dark as I am en 1968-1974, il aborde avec ironie le débat autour du Black Art et le rôle des artistes noir·e·s dans la peinture abstraite des États-Unis aux années 1960 et 1970.

  • English version

    This interview marks the evolution that brought Sam Gilliam to painting as well as his many influences in the visual arts. This artist from the Washington D.C. scene was particularly recognized in the 1970s for his geometric shapes cut and composed on thick canvases in which he experimented with color and improvisation strong of his jazz music inspirations. These passages of irregular patterns are undoubtedly reminiscent of « crazy quilts » , a textile technique that organizes very diverse shapes and surfaces within the same artwork. He then became an innovative painter approaching in particular Color Field Painting in 1962. But he is especially recognized for his draped paintings (« Drapes » series) hanging on walls and ceilings at the end of the 1960s, early 1970s, which made him one of the first painters to use canvas without support around 1965. These plastic arrangements thus give a spatial dimension to his paintings, close to immersive sculptures. Unique to each space, the canvas cannot be draped twice in the same way which highlights the relationship between the work and its environment. Seahorses from 1975 is the largest and one of the latest in this series, displayed outside the Philadelphia Museum of Art. Sam Gilliam then took this method a step further by folding and draping the canvas before it dries creating unusual « tie and dye » effects (« Slides » series) as in his work Light Fan in 1966. The exhibition at the Kunstmuseum Basel named Music of Color also addresses the political and historical dimension of his work. Although it is rare for the artist to speak personally on these subjects, the series Martin Luther King and Jail Jungle echo the civil rights movements of 1968. With his work entitled Composed (formely) Dark as I am in 1968-1974, he tackles with irony the debate around Black Art and the role of black artists in abstract painting in the United States in the 1960s and 1970s.