Tisser les couleurs ☀︎

KIMONOS D’UN TRÉSOR NATIONAL VIVANT

☀︎ Vue par T/A et vivement recommandée

du 5 novembre 2014 au 17 janvier 2015

Maison de la culture du Japon
101bis, quai Branly
75015 Paris
M° Bir-Hakeim

Depuis plus d’un demi-siècle, Fukimi Shimura tisse des kimonos avec des fils de soie qu’elle teint avec des végétaux. Influencée par le mouvement Mingei qui reconnaissait la valeur des arts populaires, elle recherche la beauté dans le tsumugi, sobre plongé de soie des paysannes japonaises.

Longtemps, ces plongés ne furent que des étoffes très ordinaires, car le tissage d’une grande simplicité et les motifs se limitant aux rayures ou à l’ikat (kasuri), ne pouvaient pas rivaliser avec la splendeur des étoffes décorées.

Dans son atelier, près de Kyoto, elle crée des teintures à partir de toutes sortes de végétaux : indigo, garance, sappan, gardénia, oignon…

Elle travaille ensuite le tissage au service d’une forme traditionnelle, le kimono, qui peut être considérée comme la forme même de l’esprit japonais.

Elle a appris les techniques auprès de sa mère et les a transmis à sa fille Yôko, devenue sa disciple. Au delà de la beauté des couleurs et de leurs harmonies, les deux femmes réalisent des tissus d’une finesse de tons sublimes, qui s’animent de simples rayures, mais aussi de motifs travaillés par des réserves de teinture complexes.

Elles questionnent le cadre strict, avec sa forme prédéfinie, pour savoir s’il autorise l’expression libre d’un esprit contemporain? Son cadre contraignant permet aussi de façonner un sentiment esthétique et une pensée propres à la tradition japonaise. Mettre en valeur dans la société d’aujourd’hui, radicalement transformée, une façon de se vêtir transmise depuis les temps les plus anciens est une tâche complexe. La réforme de cet art est nécessaire car à défaut, dans une société mécanisée comme celle où nous vivons, pense-t-elle, le kimono serait voué à disparaître.

Grâce à sa sensibilité et à son savoir-faire extraordinaires, elle a été élevée au rang de Trésor national vivant en 1990.