Sonia DELAUNAY – Les couleurs de l’abstraction ☀︎

☀︎ Vue par T/A et vivement recommandée

du 17 octobre 2014 au 22 février 2015

Musée d’Art moderne de la Ville de Paris

Première grande rétrospective parisienne consacrée à Sonia Delaunay depuis 1967, l’exposition rassemble, aux côtés de trois reconstitutions exceptionnelles d’environnements et des films évoquant des périodes de la vie de la créatrice, plus de 400 œuvres : peintures, décorations murales, gouaches, estampes, mode et textiles. Cette monographie qui suit l’évolution de l’artiste de l’aube du XXème siècle à la fin des années 1970, met en lumière l’importance de son activité dans les arts appliqués, sa place spécifique au sein des avant-gardes européennes, ainsi que son rôle majeur dans l’abstraction dont elle figure parmi les pionniers.

Le parcours chronologique illustre la richesse de l’œuvre de Sonia Delaunay et sa singularité marquée par un dialogue soutenu entre les arts. Si à ces débuts à Paris elle découvre la peinture Fauve à laquelle elle s’adonne avec beaucoup de sensibilité, elle se tourne rapidement vers l’abstraction en compagnie de son mari Robert Delaunay.

Quand en 1921 le couple revient d’un long séjour au Portugal, Sonia va ouvrir un commerce de mode boulevard Malesherbes à Paris où elle présente les nombreuses robes qu’elle crée pour elle-même et pour l’avant garde littéraire et artistique. Cette partie du travail de Sonia qui est développée dans un grand espace de l’exposition est particulièrement riche. En 1924, elle installe l’atelier Simultané, dédié à la création textile, au cœur de son appartement qui est à la fois atelier de création où travaillent des ouvrières russes et studio de photographies. L’exposition est l’occasion de voir un grand nombre de ces images où, comme La revue de la femme en rend compte en mai 1928 par un article intitulé “L’art décoratif dans la toilette”, l’on voit la révolution des motifs dans les robes imaginées par l’artiste. Dans son atelier elle revisite aussi d’anciennes techniques de tapisserie, comme le point du jour dit aussi point populaire qui permet des broderies cachant entièrement le fond du tissu de support. Ces techniques lui permettent de réaliser des manteaux en pièce unique conservés et présentés, comme la veste ayant appartenue à Jean Coutrot. Dans les vitrines du musée, on regarde avec intérêt de nombreux échantillons de tissus, brodés ou imprimés, qui subsistent de cette aventure commerciale exceptionnelle. Certains furent présentés à l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels de 1925. Pour l’exposition de 1937, le couple se voit confier la décoration du Pavillon de Fer et la conception du Palais de l’Air, où Sonia intervient pour le mobilier et des panneaux décoratifs monumentaux.

Après guerre, Robert étant décédé en 1941, Sonia reprend la peinture, avec une palette de couleur plus réduite dans laquelle le noir prend une place importante. On peut regretter que ne soient pas assez présentes les pièces de décor dont elle invente d’autres dessins à partir de cette époque et particulièrement les pièces textiles, pour lesquelles elle a une sensibilité particulière. Seuls un tapis et une tapisserie sont exposés, alors qu’elle a collaboré jusqu’en 1977 à la création d’objets du quotidien en édition limitée.