ARPILLERAS

“Un peuple brode sa vie et ses luttes”

du 7 au 22 mars 2014

Espace Aimé Césaire
6, avenue du Luth
92230 – Gennevilliers

Les petits tapis, arpilleras, présentés dans cette exposition ont été confectionnés en 1978 « Année Internationale des Droits de l’Homme » par des femmes des poblaciones (bidonvilles) de Santiago. En se servant de bouts de tissus récupérés de partout, elles ont raconté la répression, la peur, la faim, les droits sociaux perdus et l’organisation collective pour résister.

 Après le Coup d’Etat en 1973, les « Arpilleras » renaissent au Chili. Le coup d’Etat est suivi d’une répression massive et brutale dans les quartiers populaires perçus d’emblée par la Junte Militaire comme de viviers d’ennemis. Arrestations et fouilles collectives, survols nocturnes en hélicoptères se succèdent. Mais il y a aussi la faim et le chômage. Les enfants sous-nourris auxquels les mères demandent de rester allongés dans leurs lits pendant la journée.

 Ce sont des femmes des prisonniers politiques et des chômeurs, des femmes des poblaciones qui se sont approprié la technique des arpilleras pour gagner un peu d’argent, soutenir leur famille et parler de ce qu’elles vivaient. Ces femmes ont réinventé une expression artistique à partir de chutes de tissus et de bouts de chiffons qu’elles cousaient sur de vieilles toiles. Grâce aux réseaux de vente solidaires dès la fin 1975, les arpilleras commencent à circuler.

La collection présentée ici fut amenée en France en 1978 par le groupe chilien Karaxú. Parfois, sur les tapis, on voit un court texte brodé, parfois, au revers de l’arpillera, une poche petite et discrète contient un papier avec quelques mots écrits par l’auteure du travail.
L’exposition, qui se compose de 20 « arpilleras » d’environ 45×35 cm, est présentée par l’association France-Amérique Latine dans le superbe et nouveau bâtiment de l’Espace Aimé Césaire, consacré à l’animation du quartier du Luth en pleine transformation.

 Ce bâtiment, inauguré il y a quelques mois, a été conçu par l’architecte Rudy Ricciotti. Equipement emblématique, situé entre immeubles de logements et surface commerciale, le centre social et culturel du Luth doit contribuer à la revalorisation du quartier. Ce projet de 1 800 m2, se caractérise par une architecture inédite. Prisme irrégulier bardé de plaques de marbre blanc, ses quatre façades verticales rendent hommage à l’œuvre de l’artiste italien Lucio Fontana : les longues ouvertures en façades, aux géométries irrégulières, traduisent ainsi une interprétation architecturale”, singularisent la structure d’un environnement où les ouvertures des bâtiments sont toujours conventionnelles”. Il apparait comme un bloc énigmatique de béton, percé par quelques coups de couteau.
La municipalité a aussi fait appel à l’artiste Hervé Di Rosa pour décorer l’intérieur ouvert sur les salles de la médiathèque de dessins rouges se laissant découvrir à chaque étage. Pour le vaste hall d’accueil, l’artiste a également imaginé une gigantesque statue en bois et perles, en hommage au poète Aimé Césaire.